Comment accueillir des travailleurs immigrants

Recruter des immigrants pose un défi particulier pour les entreprises. Les obstacles administratifs sont lourds et les problèmes de reconnaissance des formations et compétences sont connus. 

Comment contourner ces difficultés? La conférence de BOMA Québec offerte lors d’une récente activité BOMidi a permis d’esquisser quelques pistes. Le présent article en propose d’autres.

Premier constat :les employeurs se privent de travailleurs immigrants par des pratiques de recrutement et d’embauche mal ciblées et parfois même discriminatoires, qu’elles soient volontaires ou pas.

S’ajoutent les difficultés de langue et de conciliation travail-famille, souvent exacerbées pour les populations immigrantes, décrit l’INRS dans son Portrait de l’intégration en emploi de personnes immigrantes au Québec paru en décembre 2018.

On y souligne l’importance de pratiques de gestion sensibles à la diversité, pour qui veut intégrer des immigrants à ses équipes de travail.

Le premier facteur de réussite est la volonté de recruter des immigrants et de prendre les moyens pour y arriver.

À défaut d’un service de ressources humaines, des petites entreprises peuvent désigner une personne en charge de ce recrutement. Ou embaucher une ressource externe, quitte à la partager avec d’autres entreprises locales dans la même situation.

Des ressources publiques (tel Emploi Québec) et des agences privées peuvent accompagner les employeurs.

Mais ceux-ci ont intérêt à développer leurs propres liens avec des organisations qui travaillent de près avec les immigrants pour y faire connaitre leurs besoins et leur intérêt: groupes bénévoles locaux, agences d’aide aux immigrants, programmes de francisation, centres de formation professionnelle, etc.

D’autres mesures peuvent être envisagées :

  • Commanditer des événements multiculturels dans la communauté pour faire connaitre votre entreprise;
  • Être présent dans les foires d’emplois, ce qui permet de rencontrer  de nombreux travailleurs motivés dans un contexte moins formel qu’une entrevue;
  • Publier des annonces dans des lieux ou publications destinés à la clientèle immigrante;
  • Utiliser les réseaux personnels des employés (clubs sportifs, organismes de bienfaisance, etc); les encourager à faire connaître les besoins de l’entreprise; récompenser ceux qui réfèrent des amis, proches ou connaissances.
  • Garder le site internet de l’entreprise à jour avec des informations facilement repérables sur les postes disponibles et le processus d’embauche; montrer votre ouverture à la diversité;
  • Former des employés à partir de zéro au sein même de l’entreprise en les recrutant sur la base de leur bonne attitude et de leur personnalité plutôt qu’en fonction de la formation déjà acquise;  
  • Offrir des stages en entreprise en contactant les écoles, cégep ou universités qui dispensent de la formation dans les secteurs recherchés.

Les premiers jours et mois d’un nouvel employé immigrant seront déterminants. Il faut miser sur la qualité de l’accueil et offrir un support chaleureux et constant.

  • Se documenter préalablement sur les différences culturelles peut faciliter l’accueil.
  • Organiser une visite guidée, présenter l’entreprise et son fonctionnement;  présenter au nouvel employé les personnes à qui il aura souvent affaire et/ou qui pourront l’aider; expliquer et fournir des instructions écrites sur l’utilisation du téléphone, des boîtes vocales, de l’internet, etc;
  • Le jumelage ou parrainage est une des pratiques les plus efficaces et les moins coûteuses. Pour ce faire, désigner une personne qui aura pour mission de supporter le nouvel employé : un collègue qui parle la même langue et/ou qui a vécu une telle intégration, un superviseur sympathique, etc.

Le parrain aidera l’employé à décoder son nouveau milieu de vie. Répondra à ses questions, souvent très concrètes, sur ce qui se passe au travail et dans la vie quotidienne. Il pourra l’aider, par exemple, à trouver un service de garde, un dentiste ou une clinique (voire même l’y accompagner), lui expliquer les règles du hockey ou qu’on ne vend pas que des pneus au Canadian tire(!).

Pourquoi pas inviter le nouvel employé à souper à la maison avec sa famille et des collègues pour briser la glace. L’entreprise peut alors défrayer les coûts.

  • Dès les premiers jours, l’employeur devrait régulièrement parler avec l’employé de manière informelle : est-ce qu’il y a des choses qui le surprennent ou qu’il ne comprend pas, qu’est-ce qu’il aime (ou pas) dans ce nouvel environnement, etc. Détecter tôt les problèmes et y remédier.
  • Organiser des activités sociales, dîners, 5 à 7, qui permettent de nouer des liens et de pratiquer la langue;
  • Organiser des ateliers sur l’heure du lunch pour expliquer, par exemple, les talons de paie, les plans d’assurances, le régime de retraite.
  • La langue est un élément crucial pour l’intégration. L’employeur peut mettre à contribution un collègue qui parle la même langue pour transmettre les consignes importantes, notamment sur la santé et sécurité. À défaut, embaucher une ressource externe pour le faire. On peut offrir sur place des cours de français ou payer pour des cours à l’extérieur.

Beaucoup de bonne volonté, une bonne dose d’empathie et un peu de patience faciliteront une intégration harmonieuse.

En fin de compte, s’assurer du bonheur de ses employés au travail reste encore la meilleure façon de les garder au sein de l’entreprise, pour les travailleurs immigrants comme pour tous les autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

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