Le secteur des déchets est le cinquième émetteur de GES en importance dans la province et il est responsable de l’émission d’environ 4,55 millions de tonnes d’équivalent de CO2 par année. Les matières organiques constituent environ 60 % des 5,8 millions de tonnes de matières résiduelles éliminées chaque année au Québec.
Saviez-vous que plusieurs organisations du Québec auront bientôt l’obligation de trier leurs matières organiques?
D’ici la fin de l’année 2024, toutes les entreprises du Québec qui ont des activités commerciales ou qui possèdent des tours d’habitation générant des déchets organiques seront visées par une nouvelle réglementation nationale. S’inscrivant dans la continuité de la réforme du système québécois de la collecte sélective et de la stratégie de valorisation de la matière organique annoncées par le gouvernement de la CAQ en 2020, cette réglementation modifie la Loi sur la qualité de l’environnement en matière de consigne et de collecte sélective.
Quelles seront les futures obligations?
Dès 2025, les organisations devront détenir un service de collecte privé ou municipal des matières organiques (papiers, carton, résidus alimentaires et verts) dans leurs établissements, faute de quoi elles s’exposeront à des amendes.
Pour s’y conformer, plusieurs options s’offrent aux gestionnaires. Il y a bien sûr les traditionnels bacs, mais l’on sait déjà que cette approche comporte des lacunes et qu’elle n’est pas optimale, en plus de mettre beaucoup de pression sur les systèmes de collecte et de gestion des matières résiduelles des municipalités.
Une des solutions intéressantes consiste à valoriser les déchets. J’aimerais revenir sur deux innovations, dont l’une faisait récemment l’objet d’une conférence de BOMA Québec.
La première est une nouvelle technologie, introduite en 2016 par Solucycle, qui élimine les bacs de compostage et leur gestion. Cette technologie permet également d’éliminer la salle à déchets réfrigérée, les odeurs et la vermine dans l’aire d’entreposage des déchets.
Résumée très simplement, l’implantation de cette technologie permet de liquéfier les déchets organiques. Le liquide est ensuite collecté, traité en usine et revendu comme fertilisant agroalimentaire ou comme gaz naturel renouvelable aux distributeurs de gaz. La boucle parfaite. Le système comporte de nombreux avantages pour les immeubles : gain d’espace et d’efficacité, amélioration de l’hygiène et diminution de 50 % à 70 % du nombre de collectes annuelles, pour ne citer que ces exemples. On estime que 60 % à 80 % des déchets alimentaires sont ainsi détournés de l’enfouissement.
La deuxième innovation est celle tout aussi inspirante mise en place par le Complexe Desjardins, qui a complètement repensé la gestion de ses matières résiduelles, pour la confier à une équipe de trieurs installée à l’interne. Les bacs de recyclage, de matières organiques et de déchets ultimes ont été remplacés par des bacs où tout est jeté ensemble. Cela peut sembler contre-intuitif, mais les résultats sont excellents, car beaucoup mieux contrôlés.
Un mini-centre de tri conçu spécifiquement pour la récupération des matières compostables a été aménagé au sous-sol et de là, des employés s’affairent à la gestion consciencieuse des matières résiduelles. Restes de table, serviettes en papier et autres matières organiques sont déchiquetés et envoyés dans un centre de compostage. Les contenants consignés sont récupérés et remis à une coopérative de solidarité. Pour ne citer que ces exemples.
En somme, tout ce qui peut être revalorisé l’est, alors que tous les déchets prenaient le chemin de l’enfouissement avant. Grâce à ce système, le taux de récupération des matières recyclables et compostables du Complexe Desjardins a fait des bonds extraordinaires en très peu de temps.
Deux approches, deux initiatives gagnantes et surtout, des preuves que plusieurs solutions existent. Quelques recherches vous permettront assurément de trouver la solution qui sied le mieux à votre contexte et à vos opérations.
Il vous reste moins de deux ans pour vous y pencher et pour innover.
Linda Plante
Présidente du conseil, BOMA Québec
Directrice principale à la gestion immobilière, Fonds immobilier de solidarité FTQ