BOMA Québec souhaite souligner et mettre en valeur le parcours et les réalisations de gestionnaires immobiliers d’exception. Dans le cadre de ce numéro, nous vous proposons une entrevue avec Nathalie Gauthier, directrice immobilière principale chez Bentall Kennedy LP.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire carrière dans l’industrie de l’immobilier? Aviez-vous un plan de carrière précis?
Comme quelques-uns d’entre nous, je suis arrivée dans cette industrie un peu par hasard. Un heureux hasard en fait, car j’adore mon métier. Je viens de Trois-Rivières et lorsque je suis arrivée à Montréal pour entreprendre mon parcours professionnel, je visais initialement de faire carrière dans les domaines de la finance et de l’actuariat. J’ai d’ailleurs un baccalauréat en finance réalisé à HEC Montréal. Mon frère travaillait déjà en immobilier commercial et c’est grâce à lui que j’ai découvert ce secteur et que j’en suis tombée « amoureuse ». Je n’avais pas de plan de carrière précis alors. Comme bien souvent, il s’est dessiné avec le temps, au gré des opportunités qui se sont présentées et des projets qui m’ont été confiés.
Quel a été votre premier emploi dans le domaine immobilier?
Je suis entrée dans le domaine en comptabilité à la SITQ en 1990. Cette filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, aujourd’hui Ivanhoé Cambridge, était un chef de file du secteur immobilier en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. La SITQ comprenait des immeubles de bureaux de prestige, des parcs d’affaires, des hôtels, des immeubles multirésidentiels, des résidences pour retraités, tous situés dans les plus grands centres urbains du Canada, des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de l’Inde. C’est donc une organisation qui offrait, et qui d’ailleurs propose toujours, de nombreux défis très intéressants pour quiconque veut apprendre et évoluer. Je suis restée 8 ou 9 ans en compatibilité, comme contrôleure adjointe, puis contrôleure. Je m’intéressais à tout et je me suis offerte partout où je pouvais appendre et contribuer : la finance, les transactions, les acquisitions, la construction, la location et la mise en marché.
Cela m’a conduit à m’impliquer volontairement dans de multiples projets spéciaux et forcément, à développer une connaissance poussée de la gestion d’immeubles. De contrôleure, je suis devenue analyste aux transactions, puis administratrice immobilière. Durant cette période, j’ai eu plusieurs patrons, tous encourageants, et qui avaient des attentes et des exigences très élevées. J’ai donc développé une grande rigueur et une polyvalence qui me sert beaucoup aujourd’hui. Je ne sais pas tout, mais je sais comment fonctionnent les immeubles et l’industrie et je sais comment organiser les forces vives autour des projets et des dossiers de gestion pour propulser les choses vers l’avant. J’y ai fait mes armes durant près de 17 ans. C’est une organisation qui a été déterminante dans mon parcours et dont je garde de précieux souvenirs.
Quel poste occupez-vous actuellement ?
Je suis gestionnaire immobilier principale chez Bentall Kennedy depuis 2015. Je vois à la gestion de la tour KPMG, des Promenades Cathédrale et de deux tours à bureaux du Mile-End. C’est un rôle qui me stimule énormément. J’ai la chance d’être entourée de plusieurs équipes formidables, avec qui je suis très complice.
Qu’aimez-vous le plus dans votre métier?
L’action et la diversité des défis ! Chaque journée est différente et mon quotidien n’est jamais banal. Je pense que c’est la réalité de bien des gestionnaires et je ne crois pas me tromper en affirmant que c’est ce qui nous passionne le plus dans ce domaine. À quelques reprises dans ma carrière, on m’a offert la possibilité d’accéder à un rôle à la haute direction, mais je préfère nettement la place que j’occupe, près de l’action, au cœur même de cette fourmilière qu’est un immeuble. Avoir les « mains dedans » comme on dit. C’est ce qui me mobilise le plus. Mon quotidien est un foyer d’imprévus. Je touche à tout et je suis très impliquée et proche des équipes dans tous les immeubles sous ma responsabilité. C’est vraiment captivant et je suis très stimulé dans ce rôle qui me permet d’exploiter les compétences acquises au cours des années tant en gestion qu’en finance.
Quelle est votre plus grande fierté ou réalisation professionnelle à ce jour?
Je n’ai pas de grandes réalisations, dans le sens de grands projets phares qui marquent mon souvenir. Je dirais plutôt que je suis fière et forte d’une multiplicité de petits succès où mes compétences ont fait une grande différence. Je pense notamment à la mise en marché complète et très fructueuse d’un nouvel immeuble d’un million de pieds carrés, où j’ai notamment eu l’occasion de collaborer étroitement avec une formidable firme de communication marketing. Ou alors à de nombreuses transactions où mon savoir-faire en finance et mon implication ont permis au propriétaire de sauver plusieurs centaines de milliers de dollars. Je suis une personne plutôt humble et je ne pensais pas être vraiment connue ou reconnue dans le milieu, mais je réalise que je le suis pour mon dévouement et ma grande rigueur et voilà certainement une chose dont je suis très fière.
Quelle est votre vision de la gestion immobilière de l’avenir?
Vaste question. C’est un secteur qui est en pleine ébullition, en pleine évolution. Je dirais qu’aujourd’hui, notre métier demande une très très grande adaptabilité. Nous sommes devenus des créateurs de milieux de vie. Nous avons toujours été une industrie de services, mais ceux-ci se transforment, s’élargissent plutôt, pour englober les milles facettes de l’expérience client. Les façons de travailler changent aussi, vite et continuellement. Les locateurs et les utilisateurs de nos espaces ont des exigences élevées, notamment en ce qui a trait à l’accès aux technologies. Je pense aussi à l’arrivée des milléniaux qui participent grandement à cette mouvance par leurs besoins et leurs attentes. Nous sommes à l’ère du responsive building, du développement durable, de la gestion responsable, de la performance énergétique, de la mobilité des individus. La gestion immobilière de l’avenir passe par notre compréhension des besoins et de la réalité d’affaires d’une clientèle qui rajeunit et qui change la donne. Les immeubles qui performeront le mieux dans les années à venir seront ceux qui auront su faire preuve de résilience, de proactivité et d’adaptabilité selon moi. En somme, la demande change et l’offre doit suivre. Il faut se réinventer dans un monde de changement. Voilà qui est très stimulant je trouve.
Quelles recommandations feriez-vous à quelqu’un qui envisage ou qui amorce sa carrière dans le domaine de la gestion immobilière?
Go ! Vas-y ! Notre secteur a besoin de relève et c’est un métier réellement passionnant. Je pense que c’est encore plus vrai aujourd’hui, notamment en raison de ce que j’ai dit précédemment. Je dirais aussi aux jeunes professionnels de s’impliquer dans leur milieu et dans leur réseau le plus possible. C’est quant à moi un aspect dont j’ai un peu tardé à m’occuper et si c’était à refaire, je m’y investirais définitivement davantage et plus tôt, car cela ouvre bien des portes et permet d’apprendre énormément. Je lui dirais : implique-toi, fonce, va chercher le plus de polyvalence possible, car c’est vraiment une clé dans ce que nous faisons. C’est un secteur stimulant et très diversifié qui nous permet vraiment de nous accomplir.